Gil Honoré (1969) est ingénieur civil architecte (UCL,1994) et bachelier en philosophie. Il fonde son propre atelier qui prend le nom, en 2003, d’atelier d’architecture a i u d. A i u d signifie architecte, ingénieur, urbaniste, designer et désigne la volonté de toujours aborder, en tant que praticien, concepteur, les différentes échelles au sein du projet. Gil Honoré possède une expérience d’ingénieur en structure, et une formation en conception énergétique, ce qui lui permet de dialoguer de manière pointue avec les bureaux d’études pour servir le développement architectural des projets. Il est également enseignant à la Faculté d’architecture de L’ULB où, notamment, il y anime un atelier vertical (des troisièmes aux cinquièmes) depuis 2010.
Notre travail naît de l’observation du quotidien, de la banalité apparente du réel. Chaque commande est l’occasion d’extraire les capacités poétiques et plastiques que recèlent un site et l’énergie, le désir d’avenir, d’être, que recèle chaque programme ou projet.
L’architecture est essentiellement pour nous un art de l’espace. Comme telle nous cultivons la conviction qu’elle échappe partiellement au discours, à la rationalité : comme pour les autres arts visuels, sa cohérence relève notamment d’un autre ordre, plus intuitif (les « idées sensibles » du philosophe Merleau-Ponty).
Au développement spatial est conjoint le développement technique, que cette technique soit mise en évidence ou non. Notre maîtrise de la mise en oeuvre nous permet d’échapper avec élégance à la pesanteur des questions constructives pour acquérir une vraie liberté de conception. Dans cette perspective, la combinaison des matières acquiert pour nous une grande importance, notamment plastique. Définir la matérialité du projet ne signifie pas « simplement » construire le projet. La réflexion sur la « matérialité » possède ses propres logiques internes. C’est donc une réelle plus-value pour le projet architectural.
La recherche d’économie et d’efficacité a aussi été un guide pour bon nombre de nos projets Cette recherche nous a aidé à forger une attitude rigoureuse vis-à-vis des choix de mise en œuvre et nous a permis d’aborder la question de l’architecture au travers de programmes aux budgets extrêmement limités, qui nous ont fait découvrir que même un projet de petite ampleur peut espérer engendrer une modification du contexte et de son développement futur. Et ainsi d’assumer préférer une soi-disant contradiction à une volonté acharnée de concilier l’inconciliable : le fragment architectural inséré là où l’on ne l’y attendait pas participe alors à une certaine forme de transfiguration du banal, à une inflexion contextuelle.
La diversité est un des fondements de notre travail. Eloge du divers, pratique du fragment. Il ne s’agit pas là d’une volonté à priori ou d’un concept virtuel : nos réalisations généralement très différentes sont simplement issues de la diversité des situations, tant humaines que topographiques ou spirituelles. Elles témoignent toutes d’une même attitude face à l’environnement et au programme. Afin de tisser des liens, tant culturels que plastiques, le contexte de référence dans la composition du projet déborde toujours les limites artificielles du lieu qui lui est attribué. En parallèle à cette prise de position dans l’environnement, nous essayons de mettre au jour les désirs sous-jacents à la commande. Désirs qui ne s’expriment pas forcément au travers de la froideur d’un programme. Trouver les cheminements qui mènent du désir à l’objet construit…
Enfin nous nous sommes construits une expérience de conception respectueuse de l’environnement, et une réflexion autour des valeurs que nous partageons quant à l’avenir des générations actuelles et futures.
L’architecture ne peut pas se limiter à un aspect technique ou mécanique. Dans cette perspective, nous adoptons dès que possible une posture constructive fortement engagée, en optant pour des choix structurels et techniques raisonnés mais innovants (le Préhistomuseum, à son inauguration en 2016, était l’un des plus grands bâtiments accueillant du public construit en ossature bois-remplissage paille d’Europe).
Dans toute la mesure du possible, nous visons une certaine exemplarité technique – qui n’est pour autant pas synonyme d’extravagance ou de prouesse – mais plutôt de pragmatisme et de sobriété.
Cet objectif (exemplarité technique) nous conduit à privilégier :
- des solutions dites de « basses technologies » (low tech) ;
- des système constructifs simples
- des matériaux pérennes, idéalement locaux, naturel, bas carbone, minimisant de facto les matériaux issus de la pétrochimie
- les circuits courts, la réutilisation dès que cela s’avère possible.
Cette prise en compte (d’un) des paramètres de l’environnement s’intègre logiquement dans notre démarche d’approfondissement des liens au contexte, de recherche d’une architecture s’inscrivant aimablement sur la Terre.